POUR ÉVITER DE PERDRE DES VEAUX, il faut d'abord réussir la naissance (voir REL n° 211, mars 2013, p. 64). Ensuite, la mortalité entre deux et trente jours s'explique d'abord par les diarrhées néonatales, voire les maladies respiratoires. Protéger le veau contre ces maladies est donc capital. Cela implique de trouver un bon équilibre entre les défenses immunitaires et la pression d'infection. Celle-ci traduit le niveau de contamination de l'environnement. Plus elle est élevée, plus il aura du mal à résister. C'est ainsi que le risque de diarrhée augmente au fil de la saison des vêlages car les germes se multiplient. La situation idéale arrive quand l'immunité est élevée (le veau a bu rapidement un colostrum de qualité de vache vaccinée) et que l'environnement est très favorable (pas de contact avec des malades et logement sain). Dans ce cas, le risque de maladie est faible. Le cas le plus défavorable arrive en cas d'environnement contaminé et d'immunité faible.
(SUITE DU BREIZH VET TOUR 2012 ORGANISÉ PAR LES GTV BRETAGNE)
PASCALE LE CANN
FAIRE BOIRE RAPIDEMENT UN COLOSTRUM DE QUALITÉ
- Le veau n'a aucune défense immunitaire à la naissance. La seule source d'anticorps disponible est le colostrum. Ceux-ci vont permettre au veau de construire son immunité.
Mais leur absorption dans l'intestin diminue rapidement dans les heures qui suivent la naissance. Il est donc essentiel que l'ingestion du colostrum soit rapide : au minimum 2 litres dans les deux premières heures, puis encore 2 litres dans les six heures suivantes. Plus simple, on peut en administrer 4 litres à la sonde dès la naissance.
- Pour être efficace sur le plan du développement de l'immunité, le colostrum doit fournir au veau des anticorps adaptés au microbisme ambiant. Il faut donc que la mère soit présente sur le site avant la naissance.
Attention aux introductions au dernier moment de vaches ou génisses venant d'un site différent. Pour cette même raison, le colostrum congelé ne doit pas être conservé plus de six mois. De plus, la qualité du colostrum est très inégale. Celui des vaches en bonne santé est logiquement meilleur. Celles qui ont des parasites ou qui perdent leur lait avant le vêlage ne fournissent pas un produit de qualité.
© CLAUDIUS THIRIET
ATTENTION À LA CONCENTRATION D'ANIMAUX
- Les veaux peuvent se contaminer par contact de mufle à mufle mais aussi en utilisant des tétines communes. De plus, les bactéries et virus responsables de ces maladies se retrouvent aussi dans les particules d'eau en suspension dans l'air.
Contrairement à ce qui se passe pour les diarrhées, la situation ne s'aggrave pas forcément au fi l de la saison de vêlage. Les problèmes sont favorisés par le froid et l'humidité. Ils sont donc très liés à la qualité du logement.
ÉVITER LES ÉCARTS DE TEMPÉRATURE
- Les veaux de moins d'un mois supportent des températures allant de 5 à 25°C pour peu que les écarts au cours de la journée ne dépassent pas 6°C. Ils craignent l'humidité et les courants d'air. Il faut prendre le temps d'apprécier la qualité de l'air du logement. Si vous sentez les courants d'air, s'il y a une odeur d'ammoniac, si vous voyez de la condensation sur les poutres, l'ambiance ne convient pas aux veaux. Il faut aménager le logement pour y remédier.
BAISSER LA PRESSION D'INFECTION
- Les germes pouvant provoquer des maladies se retrouvent dans les matières fécales (diarrhées), dans les sécrétions nasales (maladies respiratoires) ou en suspension dans l'air. Le veau se contamine en léchant, mais aussi par le nombril en se couchant sur la litière. Et cela commence dès la naissance, dans le box à vêlage. Il ne tombe pas forcément malade, mais les germes se multiplient et le veau devient contaminant. D'où la nécessité de pailler régulièrement et d'effectuer des vides sanitaires. Les seaux mal lavés, les bottes de l'éleveur et divers équipements peuvent porter des germes qui risquent de contaminer le veau.
Des défauts d'hygiène conduisent à une élévation de la pression de contamination au fi l de la saison de vêlage. Passé un certain stade, l'éleveur ne la maîtrise plus.
RESPECTER LE PLAN D'ALLAITEMENT
- La santé du veau, et donc sa résistance, sont liées à son alimentation. Il faut établir et respecter un plan d'allaitement. Les poudres à base de lait contiennent des protéines qui coagulent dans la caillette.
Ce caillé facilite la digestion. Mieux vaut donc éviter les poudres à base de lactosérum, moins chères mais pauvres en caséine, au moins pendant les deux premières semaines. Quel que soit le produit utilisé, il faut veiller à respecter les doses et les températures préconisées par le fournisseur.
ISOLER LES MALADES
- Un gramme de diarrhée contient assez de coliformes pour tuer 1 000 veaux. Il est donc impératif d'isoler les malades de leurs congénères pour limiter les risques de contamination. Le veau malade ne doit pas rester dans le box à vêlage. Le premier traitement consiste en une réhydratation orale. L'animal résistera mieux s'il est réchauffé.
S'il n'y a pas d'amélioration dans les quatre heures, il faut appeler le vétérinaire.